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Pour adapter ses cultures au changement climatique, le Sénégal mise sur l’amélioration des variétés

Dans les rangées de plantations expérimentales d’arachides de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), à Thiès, situé à 70 kilomètres à l’est de Dakar, Joël Romaric Nguepjop ne peut s’empêcher de sourire. Son regard, qui observe un à un les jeunes plants, traduit à la fois un émerveillement et une fierté. « Celui-ci, par exemple, est un croisement entre la variété numéro ICGV 15017, venue du Ghana, et la variété ICGV 08837 », expose le chercheur du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), établi au Sénégal.
« A l’issue de leur fusion, nous attendons un meilleur rendement et une forte teneur en matière grasse pour en extraire une bonne huile d’arachide », poursuit-il. Si Joël Romaric Nguepjop se réjouit autant, c’est probablement parce que c’est ici, sous les serres de l’ISRA, que la clé de la résilience des cultures face à la sécheresse et au changement climatique devrait être trouvée.
Ces semences d’arachides, aujourd’hui devenues des plantes, ont été confectionnées à quelques mètres de là, dans les laboratoires de l’ISRA, qui accueille de nombreux chercheurs d’instituts internationaux dont l’organisme français du Cirad, selon la technique du croisement d’espèces, plus communément appelée « amélioration variétale ».
Le processus est loin d’être nouveau selon Ardo Kane, le directeur du Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Ceraas). « Depuis que l’homme cultive, l’homme fait de l’amélioration variétale », résume-t-il. Néanmoins, grâce à une dotation d’outils de biotechnologie ultramodernes, le temps de création des semences a été réduit de façon significative. « Aujourd’hui, nous pouvons développer 3 000 variétés en l’espace de trois mois, là où cela prenait dix ans au début des années 2000 », reprend Joël Romaric Nguepjop.
Au Sénégal, le procédé du croisement interespèces est d’autant plus important que le clonage et l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés sont interdits pour améliorer les rendements. Avec les conséquences de la guerre en Ukraine, les intrants sont également devenus rares et plus coûteux sur le marché.
« Il y a vingt ans, on a commencé à travailler sur de l’amélioration variétale pour trouver des espèces résilientes à la sécheresse, explique Joël Romaric Nguepjop. Aujourd’hui, nous travaillons aussi sur les caractéristiques de performances des plantes, tant sur leur rendement que sur leur qualité nutritionnelle et leur capacité à préserver les sols. » Un enjeu de taille alors que le niveau de dégradation des terres au Sénégal atteint 34 %, selon la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
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